Force motrice

Dans un épisode de 2022 de « Beyond the Grid », le balado officiel de la F1, elle a fait part de son aspiration malgré l’absence de modèles féminins dans la course (elle a eu son premier vélo à 2 ans et son premier kart à 8 ans). « On parlait beaucoup du fait que je sois une fille, parce que j’étais une des rares en piste. J’ai appris très tôt que la performance, c’est le pouvoir, alors quand je performais, je convainquais tous les sceptiques », pense l’Écossaise de 40 ans.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour donner tort aux incrédules. À 18 ans, Susie Wolff arrivait en tête des pilotes féminines de kart dans le monde. Elle est passée du karting à la course en monoplace en 2001, progressant dans le classement jusqu’au Deutsche Tourenwagen Masters (DTM), où elle a piloté pour Mercedes-Benz et appris l’allemand (son accent écossais est légèrement aplani par les voyelles allemandes). En 2003, Susie Wolff a couru contre un Lewis Hamilton non encore célèbre (il est arrivé premier, et elle, troisième). C’est également au DTM qu’elle a fini par rencontrer son futur mari Toto Wolff, actuel directeur de l’écurie de Formule 1 Mercedes-AMG Petronas. Le couple s’est marié en 2011 à Capri, et est considéré comme le binôme de la F1 par excellence : intelligents, confiants et aimables. Susie Wolff partage souvent des photos de famille avec ses plus de 600 000 abonnés Instagram.

Susie avait sa propre trajectoire longtemps avant Toto – ce qu’elle attribue à sa volonté de gagner : « L’esprit de compétition, c’est en vous ou non, [mais] ce n’est pas toujours un avantage, car il faut que vous repoussiez vos limites. Je ne suis pas certaine que ce soit la source ultime du bonheur, mais ceux qui ne sont pas aussi compétitifs ne vivent pas aussi intensément l’euphorie de la victoire. »

Susie Wolff a notamment connu un moment fort : son incursion dans la F1, en 2012, où elle a été nommée pilote de développement pour l’écurie Williams. Deux années plus tard, elle participait aux Grands Prix d’Angleterre et d’Allemagne avant d’être promue pilote d’essai – fait rare pour une femme.

Ce qui est remarquable, c’est qu’elle n’est absolument pas amère d’avoir eu à gagner sa place comme femme dans un sport dominé par les hommes. Elle concentre son énergie sur l’avenir des femmes dans le domaine. En 2019, son organisme sans but lucratif Dare To Be Different s’est associé au programme Girls on Track de la FIA pour toucher un plus large public, en continuant sa campagne de sensibilisation aux occasions pour les femmes et les filles dans les sports motorisés. Pendant ses quatre années au sein de l’écurie Venturi de Formule E (comme directrice de l’écurie et directrice générale), Susie Wolff a pu constater le changement qu’elle a apporté. « J’avais l’une des équipes les plus diversifiées du sport motorisé de haut niveau – un tiers était constitué de femmes… je connais le pouvoir des femmes, surtout celui des mères. Nous n’avons pas assez de temps pour que les choses ne se fassent pas », dit-elle.

Susie Wolff n’a pas non plus peur de faire part de ses propres difficultés. « En tant que femmes, nous tentons toujours de jongler avec tout – ce qui semble impossible. J’ai mes propres rêves et mes propres ambitions à suivre et, en même temps, je veux être la meilleure mère et la meilleure épouse possible. »

Avec un agenda très exigeant, elle trouve le moyen de passer du temps avec son mari, en vol, souvent jusqu’à la prochaine course de F1. « Très souvent, je monte à bord avec Toto et si nous ne sommes que tous les deux, je voudrais que le vol dure indéfiniment… C’est un moment précieux, où nous sommes ensemble. Je me sens comme dans le confort de mon salon », dit-elle à propos du temps qu’elle passe à bord de leur avion Bombardier. « C’est un endroit où nous pouvons refaire le plein d’énergie, dans le calme. »

Pourtant, Susie Wolff ne montre absolument aucun signe de vouloir ralentir. Récemment, la Formule 1 a annoncé sa nomination comme directrice générale de la F1 Academy – l’initiative de promotion des jeunes femmes pilotes pour la compétition automobile. « Je suis fermement déterminée à réussir », dit-elle à propos des objectifs qu’elle a fixés pour son travail. « Je suis convaincue que la F1 Academy peut représenter quelque chose au-delà de la course automobile. Elle peut inspirer les femmes à poursuivre leurs rêves et à prendre conscience qu’avec du talent, de l’enthousiasme et de la détermination, rien ne peut les arrêter. »