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Piloter le changement

Susie  Wolff, de l’Académie de la F1, façonne l’avenir des femmes dans les sports motorisés.

Portrait de Susie Wolff
Portrait de Susie Wolff. Photo : Jason Vian/Parc Fermé

Susie  Wolff, directrice générale de l’Académie de la F1 – championnat exclusivement féminin fondé par le Formula One Group  – sait de première main ce que c’est d’être la seule femme dans une industrie dominée par les hommes. Jeune fille, elle fait du vélo et du kart avec son frère dans leur ville natale d’Oban, en Écosse. À 18 ans, elle détient le titre de championne mondiale de kart, passant ensuite à la Formule Renault de Grande-Bretagne, à la Formule 3 et au Deutsche Tourenwagen Masters (DTM), où elle court pour Mercedes-Benz. Wolff écrit une page d’histoire au Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 2014 comme première femme en plus de vingt ans à participer à un week-end de Formule 1. Le tout, pendant qu’on l’exhorte à porter des casques roses et à piloter des voitures roses. 

Susie  Wolff au volant d’une voiture de Formule 1.
Susie  Wolff au volant d’une voiture de Formule 1. Photo : Malcolm Griffiths/Williams F1

Wolff résiste aux stéréotypes et s’attache à transformer le paysage de la F1. « Lorsque Stefano  Domenicali, PDG de Formula One, m’a appelée pour me parler de l’Académie de la F1, où je pourrais soutenir les femmes dans les sports motorisés, j’ai compris que c’était une occasion unique d’amener des changements positifs », indique Wolff, aujourd’hui âgée de 42 ans. Les femmes représentant environ 10 pour cent des participants aux sports motorisés dans le monde, elle voit l’investissement croissant dans les sports féminins comme un tournant. « Nous avons l’occasion de façonner l’avenir », ajoute-t-elle, citant l’Académie de la F1 comme incubateur de talents féminins émergents. « La Formule 1 se rend compte que le monde a changé et entend changer avec lui par la collaboration, pas seulement par la compétition. »

Wolff a fait ses preuves par ses performances, d’abord comme pilote, puis comme dirigeante, notamment comme directrice et actionnaire de l’écurie ROKiT Venturi en Formule E  – la seule écurie de Monaco  – avant d’en devenir la PDG et de la mener vers sa meilleure saison. Sa victoire en Formule E a été déterminante, démontrant que sa réussite ne se définissait pas par les attentes externes ou les distractions. Elle a plutôt témoigné de sa volonté, de sa vision et de son aptitude à diriger une équipe jusqu’au sommet de la performance. Ce succès l’a établie comme formidable force des sports motorisés, affirmant sa place non seulement dans ces sports, mais aussi comme pionnière de l’industrie.

Susie Wolff montant à bord d’une voiture de Formule 1 entourée des membres de l’équipe du puits de ravitaillement.
Susie Wolff montant à bord d’une voiture de Formule 1 entourée des membres de l’équipe du puits de ravitaillement. Photo : Glenn Dunbar/Williams F1

L’année suivant sa retraite de pilote en 2015, Wolff lance Dare to Be Different, un organisme sans but lucratif visant à stimuler la participation des femmes dans les courses automobiles. Maintenant à la tête de l’Académie de la F1, elle continue d’éliminer les barrières. « Notre vision beaucoup plus large à l’Académie de la F1 alimente l’avenir des femmes dans les sports motorisés. Nous voulons inspirer la prochaine génération, créer des modèles et ouvrir des portes, dit-elle. Et il ne s’agit pas simplement d’évoluer comme pilote de course automobile; que l’on souhaite devenir ingénieure, mécanicienne ou journaliste… des milliers de gens travaillent autour de ces sports et c’est à nous de créer des occasions pour les talents féminins. » Ses efforts ont été reconnus hors piste également : en 2017, Wolff a été nommée membre de l’Ordre de l’Empire britannique pour son apport aux sports féminins.

Des milliers de gens travaillent autour de ces sports et c’est à nous de créer des occasions pour les talents féminins.

Après deux saisons, l’Académie de la F1 a déjà propulsé de nouveaux visages à l’avant-scène, dont Abbi Pulling, pilote de 22 ans de l’écurie Alpine junior – première femme à remporter une course britannique de F4. Wolff a également réussi à attirer un partenaire peu conventionnel, la marque de produits de beauté Charlotte Tilbury  – première entreprise fondée par une femme à parrainer des pilotes de l’Académie de la F1.  

Les victoires ne viennent cependant pas sans persévérance. « Il est facile d’avoir une première impression où tout [semble] reluisant, dit-elle. J’ai eu des journées difficiles où j’ai pensé “est-ce que je vais réussir à avoir l’élan dont j’ai besoin pour changer les choses?” J’ai la chance d’être entourée d’une excellente équipe qui rend tout possible… J’ai aussi beaucoup de ténacité. Il suffit qu’on me dise que quelque chose est impossible pour que je sois encore plus motivée. J’adore faire les choses avec détermination et passion. »

Gros plan de Susie  Wolff portant un casque, dans une voiture de Formule 1.
Gros plan de Susie  Wolff portant un casque, dans une voiture de Formule 1. Photo : Malcolm  Griffiths/Williams F1

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